L’édition 2014 du championnat du Monde d’Othello s’est déroulée du 5 au 8 novembre 2014 à Bangkok. Makoto Suekuni a conquis le titre. Les français – Takuji Kashiwabara, Arnaud Delaunay et Sarah Bentolila – ont respectivement terminé 7e, 8e et 59e.
Les favoris en tête après les 13 rondes
Le championnat du monde d’Othello 2014 s’est déroulé à Bangkok, Thaïlande, du 5 au 8 novembre. À l’issue des 13 rondes, on retrouvait en tête les trois favoris, tous trois anciens champions du monde : l’Américain Ben Seeley et les deux Japonais Makoto Suekuni et Kazuki Okamoto. La quatrième place en demi-finales a nécessité un match de départage entre le Thaïlandais Piyanat Aunchulee et le Chinois Yan Song, remporté par ce dernier
Des français qui font bonne figure
Côté français, Takuji Kashiwabara a pris la septième place avec 8,5 sur 13, suivi de près par Arnaud Delaunay (8 sur 13). Sarah Bentolila, pour sa première participation, termine avec 4 victoires. Par équipe, la France finit 9e sur 26 nations. Merci à nos trois représentants d’avoir eu le courage d’affronter le voyage, le décalage horaire, et les joueurs asiatiques survoltés
Une finale très disputée entre Ben Seeley et Makoto Suekuni
En demi-finales, si Ben Seeley s’est débarrassé assez facilement de Yan Song (18-46, 36-28), il a fallu trois parties pour départager les deux Japonais. C’est finalement Makoto Suekuni qui s’est qualifié pour la finale
Les deux joueurs s’étaient déjà retrouvés en finale en 2003 et 2004. C’était alors l’Américain qui l’avait emporté, 2-0 chaque fois. On a assisté cette année à une chose rare : Makoto a perdu la première partie de la finale au temps (mais il perdait aussi sur l’othellier). Sachant qu’il avait 40 minutes au départ et que c’est l’un des joueurs les plus rapides pour retourner les pions, personne n’imaginait qu’il allait perdre au temps. En fait Makoto était encore gagnant au coup 51 mais il n’avait pas le temps de réfléchir pour trouver le bon coup, pas évident à détecter. On a pu craindre que cette mauvaise gestion du temps marque un manque de lucidité, mais Suekuni a su se ressaisir pour gagner la deuxième partie
Une belle après deux premières manches gagnées 36-28
Comme les deux scores étaient identiques (28-36), c’est Ben Seeley, qui était premier à l’issue des treize rondes, qui a eu le choix de la couleur (et la victoire en cas de nulle). Ben a choisi les blancs. Certes, c’est Blanc qui avait gagné les deux premières parties, mais c’était peut-être un mauvais choix car Suekuni est très habile pour gagner la parité quand il a les noirs.
Le commentaire de la belle
Dans la belle, les joueurs ont rejoué l’ouverture de la première partie et Ben Seeley a changé au coup 22. Le tournant de la partie s’est passé au coup 30. C’était une position où Blanc devait faire un choix qui, clairement, conditionnerait la suite. Blanc pouvait retourner le pion d7 (de 4 façons différentes) et il se trouve que c’était la bonne idée, mais pas facile à trouver car d7 pourrissait le coup noir en b5 donc Blanc n’avait pas envie de l’enlever. L’autre option était de jouer h5 ou h6. Ben Seeley a surpris tout le monde en jouant la case X b2 ! Ce n’était pas un mauvais coup en soi (en fait, c’est même meilleur que de jouer h5 ou h6) mais c’était donner un coin sans compensation évidente et on peut penser que Ben a joué ce coup un peu pour épater la galerie. Du coup, la suite de la partie était compliquée pour Blanc. Ce n’était pas forcément super facile pour Noir, en fait : par exemple, Noir avait un seul coup 33 gagnant, mais comme il s’agissait de prendre le coin, c’était plus facile à trouver pour Suekuni.
Coup 40 : Ben avait le choix entre tomber dans un piège de Stoner et tomber dans un piège de… Suekuni !
Au coup 40, Blanc avait le choix entre tomber dans un piège de Suekuni en jouant h5 ou un piège de Stoner en jouant h2, ce qu’il a choisi, à juste titre. C’est au coup 42 que Blanc a définitivement perdu, en choisissant b1 plutôt que e1 ou même g1 ! C’est dommage, car Ben a trouvé g1 au coup 44 et il aurait pu avoir l’idée de le jouer au coup 42. Cette fois, Makoto avait le temps au coup 51 et il a assuré en jouant le meilleur coup (mais il pouvait difficilement perdre dans cette position). Après sa victoire, il a fondu en larmes, ce qui montre à quel point il y tenait.
Apparemment, Makoto a gagné son premier championnat du monde à 17 ans, le deuxième à 34 ans, alors le troisième à 51 ans ?
Joanna William championne du Monde des filles
Pour la finale féminine, c’est Joanna William, qui termine 7e ex aequo avec Takuji, qui l’a emporté face à la chinoise Zhen Dong offrant ainsi son premier titre à l’Australie (elle habite en Australie mais elle est indonésienne en fait).
Yan Song est entré dans l’histoire de l’Othello en étant le premier Chinois à terminer sur le podium du championnat du monde : il a battu celui qui était encore le champion du monde en titre, Okamoto, dans le match pour la troisième place.
Merci à Emmanuel Lazard et Stéphane Nicolet pour leur travail sur Live Othello
Un grand merci à Emmanuel Lazard pour la gestion technique du tournoi à distance et pour avoir débarrassé http://www.liveothello.com de Java. Merci à Stéphane Nicolet aussi pour les améliorations apportées à la nouvelle version de http://www.liveothello.com que l’on a inaugurée pour ce tournoi.
Bravo aux organisateurs de cette année : les photos que l’on peut trouver sur la toile laissent penser qu’ils avaient fait les choses en grand, et vivement le championnat du monde 2015 qui se déroulera en Europe
Marc Tastet (et un peu Thierry)
L’équipe de France : Takuji Kashiwabara, Arnaud Delaunay et Sarah Bentolila
Le classement individuel (en clair, les français)
Les matchs de la 3e journée et le classement par équipes. La France est 9e.
Fin de la finale : Makoto Suekuni a gagné et serre la main de Ben Seeley, qui l’avait battu en finale en 2003 et 2004;
Très ému, il essuie quelques larmes
17 ans plus tard, il est à nouveau champion du Monde