A la découverte d’Othello (5/8)
Sommaire du livret de stratégie
La tactique
Bords de cinq
32. Noir doit jouer
Nous allons maintenant découvrir un cas très fréquent d’insertion. Cet exemple est également très important car nous allons voir qu’il n’est pas toujours défavorable de jouer une case X. Regardons le diagramme 32.
33. Après g2-h1-h2
Nous sommes arrivés en fin de partie, aucun des deux joueurs n’a réussi à bloquer l’autre et Noir doit maintenant jouer. Quoi qu’il joue, il doit donner un coin à Blanc. Regardons de plus près ce qui se passe sur le bord est. La structure de cinq pions blancs sur la colonne h est appelée bord de cinq. C’est une faiblesse car elle permet souvent à l’adversaire de sacrifier le coin. Détaillons le mécanisme sur l’exemple. Si Noir joue la case X g2, Blanc peut prendre le coin h1; mais alors Noir s’insère en h2 (voir diagramme 33).
Le coin h1 va permettre à Blanc de garder son bord nord : il a 7 pions définitifs. En revanche, l’insertion de Noir en h2 lui permet de jouer h8 (un coin !) au prochain coup puis de jouer a8 (un autre !). Il a gagné 14 pions définitifs, plus probablement le bord ouest avec son coin a8 ; de plus il lui reste un coup en g7 : l’échange des coins est très nettement en faveur de Noir. Le bord de cinq de Blanc sur le bord est rend la case g2 bonne pour Noir dans le diagramme 32.
En fait, la pratique est un peu plus compliquée : Blanc n’est évidemment pas forcé de prendre le coin. Par ailleurs, ce coup donne lieu à un échange de coins. Chacun devra donc déterminer si cet échange lui est favorable ou non : tout dépendra des autres bords et du nombre de pions définitifs que chacun va en tirer. Cependant, en règle générale, ce coup permet à l’un des joueurs de gagner un temps en jouant la case X.
Il ne faut pas non plus croire que ce sacrifice marche à chaque fois. Sans entrer dans les détails, voici trois exemples de sacrifices qui ne marchent pas.
34. Noir doit jouer
Dans le diagramme 34, Blanc a deux bords de cinq : au nord et à l’ouest. Cependant aucun des deux n’est attaquable. Si Noir joue b2, Blanc joue b1 (sans retourner b2) puis jouera a1 et Noir n’aura pas pu s’insérer. Si Noir joue b7, Blanc joue a8 et Noir ne peut pas s’insérer en a7 ; Blanc pourra y jouer au prochain coup.
35. Noir doit jouer
La position du diagramme 35 est un peu plus subtile : que se passe-t-il si Noir attaque le bord blanc à l’ouest en jouant b7 ? Blanc répond alors a7 (!), contrôlant la diagonale f3-b7, Noir ne peut alors prendre le coin a8 et Blanc pourra le faire au prochain coup grâce à son insertion en d8. Là encore, Noir a échoué dans sa tentative d’insertion.
Pour conclure sur ces bords, notons simplement que ce qui se passe dans la suite ci-dessus est appelé arnaque. Ce terme se comprend bien : la séquence de coups habituelle sur le bord ouest ne marche pas à cause du contrôle de la diagonale par Blanc. Il y a d’autres exemples d’arnaques et il faut toujours faire très attention de bien vérifier si l’adversaire ne peut pas jouer une série de coups imprévus qui ruinerait votre sacrifice de coin.
Stoner
Nous venons de voir que l’attaque d’un bord de cinq ne force pas l’échange de coins. En effet, le joueur attaqué décide s’il prend le coin ou pas. Nous allons maintenant voir une attaque de bord plus perfectionnée qui permet de garantir la prise d’un coin. Comme l’attaque d’un bord de cinq, le piège de Stoner (prononcez « stonair » ou « stoneur ») provoque un échange de coins mais cette fois, si le piège est bien fait, le défenseur n’a pas de moyen d’y échapper.
36. Blanc doit jouer
Le piège de Stoner se déroule en deux étapes : l’attaquant prend d’abord le contrôle d’une diagonale en jouant une case X, puis il attaque le bord faible (incluant une case C) de l’adversaire en menaçant de prendre le coin. Celui-ci ne peut répondre en reprenant le bord car il retournerait la case X jouée au coup précédent. Le diagramme 36 montre un exemple.
37. Après b7
Ici, Noir a une configuration de bord faible au sud. Blanc joue b7 et prend le contrôle de la diagonale e4-b7 (voir diagramme 37).
38. Après b7-f3-d8
Noir ne peut donc pas encore prendre le coin a8, et il va probablement essayer de recouper la diagonale pour avoir un accès à ce coin, par exemple en jouant f3. Mais maintenant, Blanc joue sa case d’attaque d8 (voir diagramme 38).
Noir ne peut pas empêcher Blanc d’avoir le coin h8 et au moins six pions définitifs sur le bord sud. Si Noir répond en b8, il retourne le pion b7, donnant ainsi les coins a8 puis h8 à Blanc. Si Noir prend le coin a8, Blanc peut prendre directement le coin h8, ou même ici, s’insérer en b8, gardant un accès en h8. De plus, même si Noir ne joue ni a8, ni b8, Blanc garde toujours un accès à h8 (d’où la différence avec une attaque de bord de cinq).
39. Blanc doit jouer
Comme dans le cas du bord de cinq, le piège n’est pas toujours possible et il faut bien vérifier que toute la séquence de coups est correcte. Voici un exemple, sur le diagramme 39, de piège de Stoner qui ne fonctionne pas.
Si Blanc veut faire un piège de Stoner en jouant b7, Noir répond c3 et Blanc ne peut pas jouer c8 avant que Noir ne prenne le coin a8. Il reste alors un nombre pair de cases vides sur le bord sud et Blanc ne peut plus s’insérer.